« Il y a un vĂ©ritable enjeu pĂ©dagogique car la dĂ©marche qualitĂ© peut parfois devenir bureaucratique. Mon rĂ´le est de la rendre concrète et intelligible pour intĂ©resser les salariĂ©s sur le terrain Â»

Maxime PERROCHEAU est responsable qualité à l’ESEAN et chargé de mission offre de service au sein de la Direction Régionale Pays de la Loire d’APF France handicap. Après l’obtention de son bac S, Maxime rejoint l’école d’ingénieur POLYTECH à Angers pour 3 années de licence en ingénierie dans la santé. Guidé par une volonté de coupler de l'alternance à son Master, son chemin se poursuit à Nantes, où il étudie la gestion des risques, en travaillant en parallèle à l’HAD (Hôpital à Domicile), en tant qu'assistant qualité :
“J’ai adoré mon alternance où j’étais assistant qualité, auprès d’une responsable qualité qui était experte visiteur c’est-à-dire, qui est employé par l’HAS (haute autorité de santé) pour auditer les établissements sur les thématiques liées à la qualité & sécurité des soins”. À l’issue de ce parcours scolaire, 2 possibilités s’envisagent : poursuivre en tant qu’assistant qualité ou s’orienter vers un poste de responsable qualité. “J’ai choisi un poste de responsable qualité répartie à 50%-50% entre l’ESEAN et la clinique urologique à Nantes.”

En mai 2022, Philippe NIVAULT lui propose une prise de poste Ă  100%, mutualisĂ© au sein d’APF France handicap.  
“Aujourd’hui, j’occupe donc mon poste dans le sanitaire à l’ESEAN à hauteur de 50%, l'autre 50% étant au niveau de la région dans les établissements médico-sociaux.” indique-t-il. C’est un secteur qui souffrait d’un retard en termes de qualité / gestion des risques par rapport au secteur industriel, et qui va être impacté par l’évolution de cette démarche qualité au niveau national. En ce sens, l'année prochaine des évaluations externes plus poussées auront lieu. C’est la raison pour laquelle en région, il y a un besoin d’insuffler une véritable dynamique qualité.

Cette répartition du travail, Maxime l'a qualifié de “très riche car elle me permet d’avoir un double point de vue pour avoir une vision globale plus exhaustive.

CĂ´tĂ© ESEAN, c’est un vĂ©ritable avantage d’être sur le terrain en tant que responsable qualitĂ©, oĂą j’ai le pilotage de la dĂ©marche qualitĂ© & gestion des risques. Cela  me permet d’agir directement en allant au contact des salariĂ©s, au quotidien. Le sanitaire est un secteur oĂą l’importance de la dĂ©marche qualitĂ© est conscientisĂ©e et dĂ©mocratisĂ©e, car l’intĂ©rĂŞt est perçu de tous.

CĂ´tĂ© rĂ©gion, je suis « chargĂ© de mission offre de service Â» oĂą j’anime le rĂ©seau avec les rĂ©fĂ©rents qualitĂ©. C’est intĂ©ressant car cela me permet d’étendre mon pĂ©rimètre, en accompagnant Philippe NIVAULT sur des missions orientĂ©es « offre de service Â», notamment sur le suivi du CPOM rĂ©gional avec la mise en place d’indicateurs et sur le volet RSE." La particularitĂ© de l'aspect qualitĂ©  dans le mĂ©dico-social tient au fait que le poste de responsable qualitĂ© n’existe pas. On parle plutĂ´t de rĂ©fĂ©rents qualitĂ©, qui ont une mission supplĂ©mentaire liĂ©e Ă  la qualitĂ© dans le cadre de leur activitĂ©. Dans ce cadre, Maxime les accompagne Ă  l’aide d’outils et de conseils. Pour animer le groupe de rĂ©fĂ©rents qualitĂ©s et mener Ă  bien cette mission, tous sont invitĂ©s Ă  se rĂ©unir lors de la journĂ©e rĂ©gionale qualitĂ©.

Concrètement, l'accompagnement s’effectue Ă  plusieurs niveaux :

  • Auprès des directeurs : appuie sur la dynamique, sur les mĂ©thodologies et outils Ă  mettre en place, informer les Ă©valuations et leur contenu
  • Auprès des rĂ©fĂ©rents qualitĂ© : les aider en rĂ©pondant aux questions pratico-pratiques. Par exemple, comment crĂ©er et suivre un plan d’action.
  • Directement sur le terrain : en faisant des audits, vĂ©rifier que les normes sont respectĂ©es notamment.

“L’établissement doit s’inscrire dans une dĂ©marche collective qui n’aboutira seulement que par la mise en cohĂ©rence d’un travail articulĂ© entre l’ensemble des acteurs Â»

"L’avantage d’avoir 1 ETP complet mutualisé au sein d’APF France handicap, c’est que la gestion du quotidien m’offre plus de souplesse. Je peux organiser mon temps en fonction des priorités tout en respectant une bonne répartition de mon temps de travail pour chacune des deux parties." explique Maxime.

Suite Ă  une demande formulĂ©e des rĂ©fĂ©rents qualitĂ©, un livret qualitĂ© est en cours de rĂ©alisation, pour rĂ©pertorier les grands concepts qualitĂ© (comme la roue de Deming, par exemple). Maxime diffuse rĂ©gulièrement des outils aux rĂ©fĂ©rents. “Par exemple, si un nouveau rĂ©fĂ©rentiel d’évaluation est mis en place, je fournis des outils d’auto-Ă©valuation sur les critères en question.  L’objectif Ă©tant de guider vers l’autonomie. Il y a un vĂ©ritable enjeu pĂ©dagogique car la dĂ©marche qualitĂ© peut parfois devenir bureaucratique. Mon rĂ´le est de la rendre concrète et intelligible pour intĂ©resser les salariĂ©s sur le terrain.”

Ce que Maxime prĂ©fère dans son mĂ©tier, c’est la rigueur organisationnelle liĂ©e Ă  la gestion de projet. Il raconte : “Ce n’est jamais routinier, il faut ĂŞtre dans une recherche perpĂ©tuelle d’amĂ©lioration, d’optimisation. Le plus difficile c’est basculer du « il faut, il y a qu’à Â» vers « on prend les enjeux, on dĂ©termine les actions et on agit dessus Â». C’est le plus compliquĂ© puisqu’on peut avoir le meilleur plan d’action thĂ©orique, si personne ne s’investit en menant Ă  bien les actions, le plan d’action restera thĂ©orique.” Concernent la gestion des risques, lorsqu'un Ă©vènement se produit, l'enjeu est d'identifier la cause du problème, tout en ayant conscience de la possible remise en question de l'existant. "Il faut aller Ă  la rencontre des salariĂ©s, ĂŞtre Ă  l’écoute, recueillir ce qu’ils ont vĂ©cu pour questionner ce qu’ils mettraient en place. C’est comme un travail d’enquĂŞteur et c’est aussi une bonne manière de les investir.

Quand Maxime s'interroge sur les difficultĂ©s Ă©prouvĂ©es dans son poste, d'une part, il Ă©voque naturellement la rĂ©partition Ă  mi-temps de son activitĂ©, puisque chacun des deux postes mĂ©riteraient du temps supplĂ©mentaire, selon lui. D'autre part, il affirme la difficultĂ© Ă  manier des directives qualitĂ©s nationales un peu anciennes “car la qualitĂ© est Ă  l’image de ses fondements, ça Ă©volue en permanence. Â»

Au dĂ©but, il y avait vraiment besoin de structuration, aujourd’hui on est davantage sur une Ă©coute de terrain : on amĂ©liore en avançant avec les personnes.". 

Concernant l'actualitĂ© et les Ă©chĂ©ances Ă  venir, Maxime revient sur la certification en juin par l’HAS (Haute AutoritĂ© de SantĂ©) pour Ă©valuer l’ESEAN.  En effet, ces Ă©valuations nationales sont des moments importants avec de grands enjeux puisque cela peut conduire Ă  la fermeture momentanĂ©e ou dĂ©finitive de l’établissement, s’il n’est pas conforme. La certification est obligatoire tous les 4 ans et le rĂ©fĂ©rentiel Ă©volue significativement entre chaque Ă©valuation. Le prochain enjeu sera l’évaluation externe selon le rĂ©fĂ©rentiel HAS dans le mĂ©dico-social. Ă€ ces occasions “, je dois Ă©tudier le rĂ©fĂ©rentiel, le comprendre et l’adapter Ă  la structure. Je travaille avec les directeurs et cadres intermĂ©diaires qui sont le relai entre les Ă©quipes et les directeurs. L’idĂ©e c’est de fĂ©dĂ©rer tout le monde autour de ce rĂ©fĂ©rentiel, ce qui n’est pas Ă©vident.”

Pour faire accepter le changement et de nouvelles pratiques, il faut absolument faire preuve de pĂ©dagogie, compĂ©tence essentielle dans ce mĂ©tier. Et comme pour tout changement, cela implique des rĂ©sistances." partage-t-il. 

Plus largement et pour conclure, Maxime se livre sur l'importance et la finalité de la démarche qualité : “La qualité passe beaucoup par la communication. Il faut que les professionnels perçoivent l’intérêt. Celle-ci doit être perçue comme un levier à la sécurisation des pratiques et non comme une contrainte. Pour ce faire, l’établissement doit s’inscrire dans une véritable culture qualité, qui n’aboutira seulement que par la mise en cohérence d’une dynamique collective entre l’ensemble des acteurs. On parle alors d’organisation de type apprenante. En outre, cette organisation engendre une modification des rapports entre les professionnels, fondés sur la transparence, l’information partagée, et le retour d’expérience.

Il ne faut également jamais oublier pour quoi et surtout pour qui on agit. L’objectif c’est la sécurité des personnes qui sont pris en charge, c’est important de s’en souvenir. C’est la raison pour laquelle on fait de la qualité. Il ne faut surtout pas décorréler notre activité de l’humain. C’est exactement la raison de mon choix du secteur de la santé, c’est ce qui me motive depuis le début. C’est passionnant.”


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