Jennifer Mandelbaum est ergothĂ©rapeute transversale au PĂ´le 49 APF France handicap. « J’ai dĂ©butĂ© ma carrière au sein d’APF France handicap, il y a 18 ans, auprès du SESSAD du PĂ´le 49 APF France handicap dans le cadre d’un remplacement. Au fil de ma carrière, j’ai eu plusieurs autres expĂ©riences auprès d’autres structures et associations qui m’ont permis de diversifier mes compĂ©tences en tant qu’ergothĂ©rapeute. Finalement, je suis toujours revenue Ă  APF France handicap. Â» explique Jennifer, avant de poursuivre : « Depuis plusieurs annĂ©es, je travaille auprès d’un public adulte, et notamment sur le dispositif ETEL (Équipe Technique d’Evaluation LabelisĂ©e), c’est-Ă -dire qu’on travaille pour toutes les demandes de PCH (Prestation de Compensation du Handicap) Â».

L’ergothĂ©rapeute intervient lorsque les bĂ©nĂ©ficiaires font une demande d’aide financière pour les amĂ©nagements de logement, aides techniques ou amĂ©nagements de vĂ©hicule. MandatĂ©e par la MDA, Jennifer est en lien avec la MDH et APF France handicap depuis une dizaine d’annĂ©e.

Depuis plusieurs annĂ©es, le champ d’intervention de Jennifer s’étend puisqu’elle intervient auprès de diffĂ©rents services du PĂ´le 49 APF France handicap (SSIAD, SESSAD, SAVS, SAS-HR et DAMAR) qui ne bĂ©nĂ©ficient pas d’ergothĂ©rapeute. En ce sens, la professionnelle rĂ©pond ponctuellement lorsqu’un besoin est exprimĂ© sur ces services : « C’est intĂ©ressant car j’interviens auprès de diffĂ©rents publics, aux pathologies et âges variĂ©s de diffĂ©rentes structures. Ă€ cĂ´tĂ©, je suis Ă©galement ergothĂ©rapeute libĂ©rale spĂ©cialisĂ©e dans l’amĂ©nagement de logement ».

Aujourd’hui, le maintien Ă  domicile dans les meilleures conditions qui soient est privilĂ©giĂ©. « Je suis interpellĂ©e la plupart du temps par les Ă©quipes du terrain ou les aidants familiaux sur diffĂ©rents besoins : de la petite aide technique Ă  des amĂ©nagements plus importants. Pour les personnes âgĂ©es, l’intervention concerne majoritairement la perte d’autonomie au retour d’une hospitalisation et les risques de chutes. Concernant la partie handicap, on est plutĂ´t sur une continuitĂ©, une adaptation du mode de vie au handicap. Â». 1/5 des demandes est liĂ©e Ă  une chute qui nĂ©cessite ensuite une petite aide technique, ou une aide plus consĂ©quente de type amĂ©nagement du logement pour le mieux-vivre de la personne. Les possibilitĂ©s divergent au regard de la faisabilitĂ© en termes du bâtit et des finances de la personne. « Aujourd’hui entre le moment de la formulation de la demande et la rĂ©alisation des travaux, il faut compter un dĂ©lai de 9 mois minimum. Si l’on ajoute des demandes d’aides financières de type ADAPT, MDA, caisses de retraite… On double les dĂ©marches administratives et cela impacte les dĂ©lais des artisans, qui eu aussi on des dĂ©lais d’intervention. Â» prĂ©cise Jennifer.

Concrètement, l’accompagnement débute lorsqu’une personne ou service formule un besoin.
Une rencontre s’effectue au domicile de la personne pour procĂ©der Ă  un Ă©tat des lieux du logement mais Ă©galement du cadre, de l’environnement familial et social… Ă€ l’issue de cet Ă©tat des lieux, des prĂ©conisations techniques sont formulĂ©es par l’ergothĂ©rapeute. GĂ©nĂ©ralement, l’adaptation logement est couplĂ©e avec l’aide technique (barre d’appui, siège de douche…). En fonction des services pour lesquels intervient Jennifer, le suivi du projet est diffĂ©rent et va plus ou moins loin. « Par exemple, concernant mon intervention auprès du service ETEL PCH. Pour d’autres services, j’effectue des prĂ©conisations directement aux familles et ce sont les familles qui s’occupent de faire la demande auprès de la MDA. Cela dĂ©pend donc des services et des politiques de mise en place des processus. Normalement, l’exercice de ma fonction n’a pas vocation Ă  suivre les artisans. Cela dit, il nous arrive de prĂ©coniser des artisans labellisĂ©s « handicap Â», ou d’effectuer des rendez-vous conjoints entre la famille et les artisans pour consolider le projet et vĂ©rifier la faisabilitĂ©. En parallèle, sur mon activitĂ© libĂ©rale, je suis le projet jusqu’à la rĂ©alisation des travaux car ce n’est pas simple d’être maitre d’œuvre des travaux lorsqu’on est en situation de handicap ou en situation de fragilitĂ© Â» raconte Jennifer. Cela reste compliquĂ© d’accompagner les personnes jusqu’à la rĂ©alisation des travaux compte tenu de la quantitĂ© de demandes formulĂ©es.

Ă€ l’annĂ©e, Jennifer traite une soixantaine de demande dans le cadre de son mi-temps et une centaine sur son activitĂ© globale. Les chiffres tendent Ă  augmenter au regard de la politique du maintien Ă  domicile (hospitalisation Ă  domicile, services de soins Ă  domicile, plan anti-chute…). De plus, les exigences des conditions de travail des personnes qui interviennent Ă  domicile augmentent pour favoriser la qualitĂ© de travail. Il y a une vigilance sur les conditions de travail des personnes. La dĂ©mocratisation de l’amĂ©nagement des logements est Ă©galement amplifiĂ©e par la communication nationale, et par internet, qui permet aux personnes d’avoir une meilleure connaissance de leurs droits. « Aujourd’hui, il n’est pas rare que nous soyons interpellĂ©s pour anticiper la perte d’autonomie. C’est Ă©galement l’une des raisons de la quantitĂ© des dossiers qui sont pris en charges et qui ne cesse d’accroitre. De plus, depuis le 1er janvier 2024, la prime ADAPT’, les personnes de plus de 70 ans sans perte d’autonomie initiale auront la possibilitĂ© d’anticiper les travaux, ce qui n’était pas possible prĂ©cĂ©demment en termes d’aide financière. Â» exprime Jennifer. En effet, une rĂ©elle volontĂ© d’être dans l’anticipation et prĂ©vention de la perte d’autonomie. L’idĂ©e Ă©tant d’être moins dans le curatif ou sortie d’hospitalisation. Jennifer exprime l’aspect positif de cette Ă©volution.

Sur un public enfant, l’intervention a quelques spĂ©cificitĂ©s. « En fonction du handicap, de son diagnostic, du moment du diagnostic, la partie adaptation du logement intervient plutĂ´t Ă  l’adolescence de l'enfant. Après des enfants entre 0 et 10 ans, on a rarement besoin d’adaptation. On est plutĂ´t sur un besoin de matĂ©riel ou d’aide technique pour compenser le manque d’autonomie des enfants. Une fois arrivĂ©s Ă  l’adolescence, il est plus frĂ©quent que la famille fasse des demandes d’amĂ©nagement parce que le contexte le nĂ©cessite. L’approche est Ă©galement plus pĂ©dagogique parce que la projection est moins Ă©vidente et ce sont des projets qui nĂ©cessitent une projection Ă  5-10 ans. ». Jennifer poursuit en soulignant la richesse de travailler en Ă©quipe dans ce contexte et d’avoir des professions diverses, mĂ©dicales et paramĂ©dicales pour avoir une vĂ©ritable transversalitĂ© pour accompagner la personne dans les meilleures conditions.

Jennifer Ă©voque ce qui l’anime dans son quotidien : « Il y a dĂ©sormais une vĂ©ritable volontĂ© politique nationale et spĂ©cifiquement Ă  APF France handicap, d’avancer sur le confort des gens et on a enfin pris en considĂ©ration l’autodĂ©termination des personnes. De plus, il y a une meilleure connaissance du handicap de la part des professionnels de l’habitant (artisans, constructeurs, bailleurs…) ce qui fluidifie les Ă©changes favorise l’aboutissement des projets autour de l’amĂ©nagement des logements. Il y a des exemples de personnes que j’ai connu il y a 18 ans, qui sont encore chez eux. C’est une belle rĂ©ussite de projets. C’est magique de travailler dans ces conditions-lĂ , de voir la rĂ©alisation des projets et d’avoir des retours d’expĂ©rience… C’est ce qui m’anime. Â»

Jennifer constate une Ă©volution favorable du contexte et garde l’espoir d’une accĂ©lĂ©ration de l’amĂ©lioration des pratiques autour de l’amĂ©lioration du logement, notamment grâce Ă  l’anticipation comme Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment. Cela s’explique par un environnement plus serein grâce Ă  un rapport plus assumĂ© du handicap dĂ» Ă  une reconnaissance du handicap et de la vieillesse. L’accompagnement semble donc meilleur auprès des personnes. « Aujourd’hui, de bonnes choses ont Ă©tĂ© faites, il faut s’appuyer dessus et continuer de faire Ă©voluer positivement les choses.  On a Ă©voluĂ©, on Ă©volue, et on ne recule pas. Il y a 18 ans, il n’y avait pas tous ces financements. Aujourd’hui, il est dĂ©sormais possible d’obtenir des aides consĂ©quentes en matière d’amĂ©nagement au logement. Il faut continuer Ă  militer pour que ce soit toujours mieux bien Ă©videmment mais on a quand mĂŞme de moins en moins de personnes isolĂ©es en termes de parcours de soin. Â»  MĂŞme si Jennifer Ă©voque une frustration ressentie dĂ» au temps qui fait dĂ©faut pour accompagner chacune des personnes jusqu’au bout des projet, la libertĂ© et la transversalitĂ© de l’exercice de ses fonctions Ă  APF France handicap offre une richesse professionnelle apprĂ©ciĂ©e.

 

                                                                 


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